BIOGRAPHIE de J. Riboud, fondateur du Centre Jouffroy

Jacques Riboud est né à Soissons, le 4 février 1908. Son père, Paul Riboud, ingénieur des Ponts et Chaussées, sera Directeur Général des Chemins de Fer de l\'Est. A sa sortie de l\'Ecole des Mines de Paris en 1930, Jacques Riboud effectue son service militaire dans l\'artillerie, à Fontainebleau. Il voyage ensuite aux Etats-Unis où il est chargé par un groupement de consommateurs de pétrole, de faire un rapport sur les développements de l\'industrie pétrolière et gazière outre- Atlantique.

C\'est la période de la Grande Dépression. Après une expansion spectaculaire, l\'Amérique est frappée et plongée dans le chômage et la misère. Jacques Riboud, très impressionné, en recherchera les causes et les remèdes à travers une réflexion et des études qu\'il poursuivra sa vie durant. A son retour en France, Les Consommateurs de Pétrole, lui commandent une étude dont les résultats le conduisent à développer un nouveau type de réservoir dont le brevet lui permettra de financer plus tard sa propre entreprise.

La guerre survient. Il est mobilisé en septembre 1939 comme lieutenant observateur. Son régiment d\'artillerie hippomobile participe notamment à la bataille de la Somme et y subit des pertes importantes. Ce sont ensuite des combats successifs pour tenter d\'arrêter la poussée allemande sur la Seine, puis sur la Loire. Il est fait prisonnier et libéré après l\'armistice. Cette épopée est racontée dans son livre "Souvenirs d\'une bataille perdue" où il fait le récit de cette bataille et en explique l’issue. Il dégage en particulier une série d\'observations sur les faiblesses opérationnelles des canons de son régiment. Lorsqu\'en 1941, il rejoint sa famille aux Etats-Unis, il met ses observations à profit, pour dessiner et mettre au point un canon qui corrige les insuffisances des canons qu\'il avait expérimentés en 1940, en combinant stabilité, tir rapide tous azimuts et protection des servants.

Il revient en France après la guerre pour prendre la direction de la Société des Raffineries Françaises des Pétroles de l\'Atlantique qui regroupe les deux usines de Donges, dont il dirige la reconstruction, la modernisation et l\'extension. En 1952, il sera nommé président de l\'Association Française des Techniciens du Pétrole. Suit la mise au point d\'unités de séparation des aromatiques, pour donner naissance en France, en association avec des chimistes à une industrie pétrochimique des plastiques, fibres, peintures et vernis. Ses connaissances au Pentagone jouent un rôle déterminant dans le financement par le plan Marshall de l\'usine de dérivés aromatiques. Il a l\'idée d\'utiliser l\'hydrogène sous-produit pour mouler certains types particuliers de pièces en acier et fait la rencontre de Paul Delouvrier, alors président de la Commission Charbon-Acier. Jacques Riboud introduit enfin régulation et contrôle informatiques et télémécaniques dans ces unités de production nouvelles.

L\'accroissement de capacité et la multiplication des unités de l\'usine de Donges imposent alors l\'extension et la rénovation du bourg. Cela lui révèle une nouvelle avenue d\'intérêt et d\'expérience, l\'urbanisme, vocation à laquelle il se consacrera à partir des années 60, avec la création d\'unités urbaines nouvelles répondant à l\'urgence des besoins de logements de la reconstruction tout en faisant la démonstration de concepts d\'urbanisme opposés aux idées dominantes de l\'époque. Il sera ainsi membre - successivement ou simultanément - des commissions du pétrole, de la chimie, et de la construction, des Ve et VIe Plans.

Il entreprend de prouver qu\'il est possible de créer de façon raisonnable des villes ou quartiers de ville, à taille humaine dont la vie collective est articulée autour de bâtiments publics... des "Villes Heureuses" (terme qu\'il choisit pour marquer son opposition à la "Cité Radieuse" de Le Corbusier) où, pour éviter le « tout voiture », immeubles collectifs et maisons de ville groupées sont reliés aux réseaux de transport en communs par un véhicule qu’il met spécialement au point à cet effet. En région parisienne, Villepreux La Haie Bergerie (6000 habitants), Verrières-Maurepas (20000 habitants) ainsi que des quartiers nouveaux à Rambouillet, Cormeilles-en-Parisis, Pontchartrain, en témoignent aujourd\'hui. Ses réalisations appliquent à l\'urbanisme le principe de développement "en grappe" qu\'il avait à l\'origine imaginé pour le raffinage de pétrole, permettant, par la réduction de la taille "économique" des usines, d\'en assurer une répartition plus souple sur le territoire. Ces principes, répondant aux objectifs d\'organisation du développement urbain de la région parisienne, alors anarchique, séduisent Paul Delouvrier qui, devenu super-préfet, contribue à en rendre possible la mise en oeuvre dans le cadre des villes nouvelles.

Parallèlement Jacques Riboud poursuit ses réflexions sur les questions économiques. Une de ses premières préoccupations avait été la "réduction du risque", pour favoriser le développement des entreprises - en particulier à leurs débuts. Il avait été frappé par l\'ampleur et la soudaineté de la misère et du chômage de masse provoqués par la Grande Dépression aux Etats-Unis, un pays jusque-là prospère. Parmi les mesures prises par Roosevelt, celles que l\'expérience montra les plus fécondes, furent des "réducteurs de risque" telles que l\'assurance donnée aux déposants des banques contre leur déconfiture ou la garantie de remboursement donnée au prêteur sur hypothèque. En 1962, il résume ses propositions dans son livre "Expansion économique". En 1969 il propose, avec ce même objectif de réduction du risque, un nouveau mode de financement de la construction par le "Bon Hypothécaire".

Dans la suite logique de son analyse du risque en matière économique, il réalise qu\'au delà des effets financiers de la panique de 1929 due à l\'absence de gestion du risque bancaire, la Grande Dépression résultait dans une large mesure d\'erreurs de gestion de la monnaie et d\'une compréhension erronée, en tout cas insuffisante, de sa mécanique. Il est depuis longtemps sensibilisé au problème de l\'inflation lorsque le sujet redevient d\'actualité au moment où celle-ci sera combattue par une nouvelle politique, le monétarisme , qui affectera gravement le financement des entreprises - dont la sienne. Il préconise ainsi, dès 1973, la création d\'une monnaie extranationale exempte d\'inflation, l\' "Eurostable" qui serait créée d\'abord à l\'initiative d\'un groupement de banques.

Le 12 juin 1974, il expose à la Société d\'Economie Politique la théorie d\'une monnaie européenne de transaction, à la valeur réelle (pouvoir d\'achat) stable, l\'Eurostable - exposé qui sera renouvelé dans une communication à l\'Institut le 19 janvier 1981. Il poursuit ses recherches en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, avec les Banques Centrales de ces pays, les institutions monétaires internationales, et en contact avec Milton Friedman, Robert Mundell, Henri Guitton , Robert Triffin et Fritz Machlup. De 1968 jusqu\'en 1983, il dirige la Revue Politique et Parlementaire où il défend ses conceptions monétaires. Il développe parallèlement ses thèses dans de nombreux livres publiés sous les auspices du Centre Jouffroy pour la Réflexion Monétaire qu\'il crée en 1974. Elargissant sa réflexion, il propose en 1999 le "New Bancor ", monnaie extranationale au service du FMI, appliquant les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l\'informatique et de la communication pour rendre enfin réalisable la nouvelle architecture monétaire internationale imaginée par Keynes en 1944 avec le "Bancor ".
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